Bavardage Ready-made
(Duchamp Oulipien- BO 131)

49 - § 1029 - à l’invitation de la revue ‘Etant donné / Marcel 
Duchamp’ je rencontre, à son domicile, Jean Suquet,

49 1 Le lendemain de la veille, 
          49 1 1 une propriété archi-connue des lendemains : ils 
          sont distincts de la veille  
                    49 1 1 1 c’est pourquoi on dit: ’c’est pas 
                    demain la veille’ 

49 2 où j’ai bavardé un deuxième bavardage, assez oralement à la 
peine à cause des ‘retour-chariot’s de la voix jusqu’au début des 
longues parenthèses profondes  
          49 2 1 hésitant toujours sur la manière de les dire  
                    49 2 1 1 et je crains d’avoir peut-être trop 
                    hésité, indiquant que j’hésitais, disant qu’il 
                    fallait que je remonte assez loin dans mes pages 
                    pour retrouver le point d’inser... en parlant 
                    ainsi quelle est la difficulté
                    49 2 1 2 je peux toujours expérimenter un autre 
                    système dans un prochain bavardage

49 3 à l’invitation de la revue “Etant donné / Marcel Duchamp” je 
rencontre, à son domicile, Jean Suquet, l’homme qui a chassé
          49 3 1 comme on quête le Graal, ou la Bête Glatissant

49 4 presque une vie entière durant, dans les moindres recoins de 
l’oeuvre, dans les tableaux, dans les Boîtes, et le Grand Verre, 
“l’amour de loin” du poète de trobar clus MD pour l’évanouissante- 
éblouissante- éclaboussure lumineuse au triangle obscur,

49 5 la Mariée-snark, Dame au senhal impénétrable
          49 3 1 qualité propre entre toutes au senhal
                    49 3 1 1 qui révèle à ceux qui savent ce qu’il 
                    cache eux qui ignore, tout en cachant quelque 
                    chose autre que ce qu’il révèle et révélant 
                    quelque chose autre que ce qu’il cache
                              49 3 1 1 1 le trobar a toujours 
                              affaire a ’quelque chose autre’, à la 
                              fois noir dans la lumière et lumineux 
                              dans l’obscur

49 6 même
          49 4 1 même, même

50 - § 1030 - Intimidé comme on l’est devant la passion et le 
magnétophone

50 1 Intimidé comme on l’est devant la passion
          50 1 1 et le magnétophone

50 2 je n’ose pas lui demander si, poursuivant la traque analogique 
dans la Provence du début du treizième siècle, dans le climat du 
trobar,

50 3 on serait autorisé à qualifier les fameux célibataires de 
lozengiers
          50 3 1 les ’médisants’ qui s’interposent entre la canso 
          et sa destinataire forcément cachée
          50 3 2 si même
          50 3 3 un troubadour étant toujours lozengier de 
          soi-même ....
                    50 3 3 1 et pas par bonté
                              50 3 3 1 1 senhal du médisant de 
                              Joe Bousquet

50 4 je me repens de mon silence à mon retour 
          50 4 1 voyant ce que j’aurais pu mieux dire, dire en plus 

50 5 et me promets de le réparer épistolairement au plus vite
          50 5 1 aïe!

50 6 cependant j’ai répondu par écrit d’avance à dix-huit questions 
écrites et
          50 6 1 attrapant par les cheveux l’occasion qui m’était 
          offerte par la question
                    5 50 6 1 1 répondant en fait plutôt à côté, 
                    quoique
                    
51 - § 1031 - Dans un cas, j’ai assez longuement reproduit une série 
de remarques,

51 1 Dans un cas, j’ai assez longuement reproduit une série de 
remarques, prélevées dans une masse de remarques de poétique que 
j’accumule depuis des années, par tranches de 317
          51 1 1 ordonnées de manière purement chronologique et 
          numérotées comme instants successifs de méditation 
          instantanée

51 2 de thème général ’Duchamp et l’Oulipo’
          51 2 1 je ne fais qu’un prélèvement des plus récentes; les 
          plus anciennes ne sont pas très éloignées du moment de mon 
          entrée à l’Oulipo
                    51 2 1 1 où la présence absente de Duchamp me 
                    fut surprise
                    51 2 1 2 le lecteur
                              51 2 1 2 1 je profite de l’occasion
                    51 2 1 3 est invité à consulter, à propos de 
                    Duchamp, les travaux de Paul Braffort, 
                    (de l’oulipo)

51 3 gardant la numérotation de mon registre de remarques, mais en 
la préfixant de lettres, sans réordonner, en séquence, comme suit 
          51 3 1 intercalant maintenant
                    51 3 1 1 écritement, s’il y a lieu, puis 
                    oralement, au moment de bavarder dans le 
                    séminaire 
          51 3 2 commentaires s’il faut 
                    51 3 2 1 éclaircissements, corrections s’il le 
                    faut 
                              51 3 2 1 1 mais sans argumenter 

51 4 Quelques remarques
a - 3805 – Au vingtième siècle, il y eut un rêve: être à soi seul 
toute l’avant-garde (Rêve de Breton, de Sollers, de Debord, etc.). 
          a 1 - et de quelques nombreux autres de plus ou moins gros 
          acabit. Etre l’avant-garde, être seul l’avant-garde; être 
          l’avant-garde avant tous les autres. Comme disait dada: 
          “il y en a qui ont antidaté leurs manifestes pour faire 
          croire qu’ils avaient eu plus tôt que d’autres l’idée de 
          leur propre grandeur” 
          a 2 - il n’est jamais mauvais de relire les 
          Sept Manifestes Dada, de temps à autre 
          a 3 – d’ailleurs, Duchamp fut d’abord dada; surréaliste 
          seulement par convenance, paresse, et malentendu 
b - 3806 - La forme d’expression de ce rêve qui fut celle de Breton 
(et des autres) est la forme naïve, grossière. La forme la plus 
élégante fut celle de Duchamp. 
          – b1 - on citera aussi, dans un autre registre d’élégance, 
          plus visiblement mégalomane pour ceux qui savent, mais 
          resté caché par l’ignorance du siècle, le projet général 
          de François Le Lionnais 
                    - b 1 1 - dont le nom est absent du 
                    Robert des noms propres comme du Larousse 2000!  
c - 3815 - Le projet-valise de Duchamp 1938 (‘an album of 
approximately all the things I have produced’ (Lettre à Katherine 
Dreier de 1935)) l’apparente au projet dit ‘Mnémosyne’ de Warburg. 
Mais c’est un projet d’auto-Mnémosyne. 
          - c 1 – pour le projet Mnémosyne, voir, dans le même 
          ouvrage, le mien, le chapitre 1 de la branche 5 
d - 3816 - Avec l’invention des Ou-x-pos, F.L.L. (François Le 
Lionnais) outduchamped Duchamp. 
          - d 1 - j’ignore si, chez FLL, il s’agissait d’un acte 
          conscient de surenchère 
e - 3817 - F.L.L. fut un Duchamp-Douanier Rousseau. 
          - e 1 – en écrivant la remarque –e – j’optais pour 
          l’hypothèse d’un FLL relativement naïf. J’en suis moins 
          sûr aujourd’hui, étant peut-être moins naïf moi-même; d’où 
          – d 1 - 
f - 3818 - F.L.L = François le Duchampi. 
          - f 1 – même commentaire qu’en - e 1 
g - 3819 - Que les readymades sont des readymade-in-France, plus 
exactement in French. 
          - g 1 – je dirais plutôt maintenant ’frenchglish’ 
h - 3820 - Ces remarques (3815-3819) sont des impropperisations de 
Duchamp. 
          - h 1 – Popper, proper; propp; proppositions 
          infalsifiables; poppers des ciné-pornos de stupéfiant 
          image etc.
i - 3821 - ’Duchamp’ contre les pompiers: l’abstract expressionism. 
          - i 1 – réflexion peut-être excessive; je n’en vois plus 
          trop d’ailleurs la pertinence; et il y a tellement 
          d’autres pompiers contemporains 

51 5 
j - 3822 - Duchamp n’est pas un artiste; n’est pas un non-artiste; 
n’est pas un anti-artiste. Duchamp est un non-non-artiste. 
          - j 1 – je sais que je vais là contre les idées reçues 
          en matière duchampienne, et contre de nombreuses 
          déclarations de duchamp soi-même; mais cette hypothèse qui 
          me parait être les seule à mettre en accord des attitudes 
          qui peuvent paraître contradictoires. Ce n’est pas que des 
          contradictions soient impossibles dans son cas. On peut 
          penser aussi à des variations dans le temps. 
          Cependant ....
k - 3823 - Ce que fait Duchamp est relevant; ce n’est jamais du ex 
falso quodlibet. 
          - k 1 – tout sauf ‘anything goes’, que certains artistes 
          néo-duchampiens ont élevé au rang de dogme
l - 3824 - L’art de Duchamp est plutôt une cosa tilleul-menthale. 
          - k 1 no comment
m - 3825 - Duchamp procède d’Alphonse Allais. D’où, en remontant, du 
poète passionné de machines par essence célibataires (phonographe, 
photographie en couleur, mécanismes pour la communication avec les 
planètes), Charles Cros 
          - m 1 l’intérêt connu de D. pour Alphonse Allais a fixé 
          excessivement l’attention sur l’aspect ‘eu de mots ’. Mais 
          il ne faut pas oublier l’Allais expérimentateur, ami du 
          découvreur du fluor et futur prix Nobel, l’Allais 
          inventeur des monochromes 
                    - m 1 1 qu’il traite ’à la duchamp’ en leur 
                    adjoignant des titres 
          - m 2 ainsi que de différentes machines, comme celle qui 
          aurait enlevé au caoutchouc ’son élasticité qui le rend 
          impropre à tant d’usages’.
n - 3826 - Readymades incompréhensibles hors de Rrose Sélavy 
(oeuvres) 
          - n 1 reprise d’un thème que j’avais déjà abordé à de 
          nombreuses reprises dans des remarques antérieures: 
          l’intervention du langage, plus spécialement du 
          ‘frenchglish’; et la part prépondérante, dans les deux cas, 
          du ‘langage cuit’ 
          - n 2 expression du Desnos duchampien
                    - n 2 1 on remarquera que Desnos est le seul, 
                    parmi les surréalistes à ne pas s’en tenir à 
                    l’intérêt que peut présenter Duchamp pour le 
                    press-book de la secte, mais à suivre réellement 
                    son exemple, en poésie 
                    - n 2 2 c’est très exactement ce qui s’est passé 
                    avec Roussel. A la différence de Breton, Desnos 
                    s’est vraiment passionné pour ce qu’écrivait 
                    l’auteur des Impressions d’Afrique 
o - 3827 Rrose Sélavy (dits): des readymades de langue. 
          o 1 – les manipulations du langage cuit s’apparentent à la 
          cuisine de matériaux dans la fabrication des objets 
          manufacturés 
          o 2 un exemple rapporté par Mina Loy: 
          in étant donné Marcel Duchamp n°1 p.82 Un jour de 1917 
          Mina Loy vint … occuper la place entre Arthur Cravan, 
          qu’elle apellait le Colosse, et Marcel: “Si le colosse était 
          balourd, Marcel avait la facilité d’un prestidigitateur; il 
          savait glisser sa main sous le corsage d’une femme et la 
          caresser avec une extrême distinction. On peut dire, 
          commença-t-il, son beau visage aérodynamique pressé contre 
          le mien, Madame, vous avez un joli caleçon de satin. On ne 
          peut dire, conclut-il avec un baiser saugrenu, Madame, vous 
          avez un sale con de catin ”. 
                    o 2 1 - la permutation des consonnes donne: 
                    c-s-s ---> s-c-c; pas vraiment une contrepèterie. 
                    mais la visée est bien la même: on dit – on ne 
                    dit pas. 
                    
51 6 
p - 3828  La création majeure de FLL: l’Oupoumpo. Par Oupoumpo 
entendons (métaphoriquement et métaeuphoriquement) la ’limite 
inductive’ (en un sens purement métaphorique, je le répète) des 
ou-ou-....- x - ....-po- .... - po pour tous les ’x’, (supposés 
munis de transformations adéquates d’un ’x’ vers un autre). 
          - p 1 je pense nécessaire de modifier la définition reçue 
          de l’ou-x-po que le Collège de Pataphysique, récemment 
          désocculté, semble vouloir faire servir à ses fins propres. 
          Elle n’envisage en fait les ou-x-pos, pour des ’x’ variés 
          et par ailleurs quelconques, que comme une collection 
          disparate, dont le seul point commun est une idée assez 
          vague de la potentialité
                    - p 1 1 - et souvent, comme c’est le cas avec 
                    l’Oucinépo purement pataphysique
          - p 2 et l’emprunt, par simple transposition, de 
          techniques oulipiennes, choisies parmi les plus anciennes 
          et les plus simples. 
          - p 3 or, il est clair qu’un ouvroir de ’x’ ne peut avoir 
          d’intérêt que si deux conditions sont satisfaites: 
                    - les contraintes mises en oeuvre doivent être 
                    choisies en fonction des besoins propres au ’x’ 
                    envisagé 
          - le système de contraintes de l’ou-x-po considéré doit 
          être la particularisation au cas ’x’ d’une conception 
          générale, universelle de la potentialité. 
          - p 4 Les principes de cette con ception, qui servira de 
          base à l’0upoumpo, ne sont pas en fait encore dégagés. 
          - p 5 une autre condition serait propre à l’Oupoumpo, 
          considéré comme ’coiffant’ les différents ’ou-x-po’s: il y 
          aurait des liens entre les ’ou-x-po’s, de métaphoriques 
          ’morphismes de transition’. 
          - p 6 Le matériau de base pour la théorie de la 
          Potentialité Universelle ne se trouve guère, pour le 
          moment, que dans l’Oulipo, puisque les autres ouvroirs, 
          créés après lui, sont encore trop à son image. On n’a donc 
          aujourd’hui qu’une ébauche fort grossière d’Oupoumpo. 
q - 3829 ’Duchamp’ contre les pompopulpiers: Warhol, for instance. 
          - q 8 Il se prend bien trop au sérieux. Il n’est pas à 
          prendre au sérieux. Duchamp, au contraire, ne se prend pas 
          au sérieux; est à prendre au sérieux.
r - 3830 Par ’Duchamp’ entendons une certaine abstraction-
modélisation du Marcel Duchamp bien connu, plutôt éloignée de celle 
qui prévaut dans le marché et la pensée de l’art contemporain.
- s 3831 Je devrais noter ce que je viens de noter ’Duchamp’ 
DuDuchamp (comme on dit la Lalangue). 
          - s 1 - comme la LaLangue, le DuDuchamp est assez 
          difficile à saisir; il a un côté ’boojum’ il me rappelle 
          Duduche, fille de Duchat, chat (en fait chatte) de Georges 
          Perec, qui fut la chatte de ma soeur. Quand une main 
          quelconque non autorisée tentait de la caresser, elle ne 
          griffait pas, ne protestait pas, mais creusait tellement 
          l’échine qu’il était strictement impossible de la 
          toucher; geste qu’elle accomplissait dans l’impassibilité 
          et avec une politesse parfaite, très duduchampienne 
- t 3832 (rem. 3825. 3828) DuDuchamp annonciateur de l’Oupoumpo. 
          - t 1 le projet oupoumpien de Potentialité Universelle 
          devra prendre en compte DuDuchamp. 
- t 2 la pataphysique, alors, y trouvera sa vraie place 
- t 2 L’oupoumpisme implique un oulipisme radical. 
          - u 1 un aspect de l’oulipisme radical: séparer, dans 
          l’examen de chaque contrainte, ce qui est généralisable en 
          dehors des arts de la langue de ce qui ne l’est pas. Plus 
          particulièrement, pour toute contrainte qui est 
          spécifique aux langues, examiner quelles langues peuvent 
          l’accueillir, quelles pas. 
                    - u 1 1 la question se pose, par exemple, pour 
                    le lipogramme; de manière bien plus grave pour 
                    le S+7 
- v 3834  L’Oupoumpo, complété et corrigé par DuDuchamp, relativise 
la part de naïveté dans la conception native de l’Oulipo (peut-être 
influencée par le mot’ littérature’).
          - v 1 je ne suis pas certain, à vrai dire, de la présence 
          d’une telle ’naïveté’ chez les co-fondateurs. Il me semble 
          bien qu’elle est au fond de la démarche de FLL. Il en 
          résulte qu’il ne voit pas toute la portée de son 
          invention. 
                    - v 1 1 nous, ses disciples, nous voyons plus 
                    loin? Hum. La naïveté est peut-être chez nous. 
- w 3840  L’idée du readymade fut une anticipation de la 
potentialité  

52 - § 1000 - L’idée du readymade fut une anticipation ironique de 
la potentialité oulipienne

52 1 L’idée du readymade fut une anticipation ironique de 
la potentialité oulipienne 
          52 1 1 c’est à dire contenant déjà une critique implicite 
          de quelques-uns de ses espoirs les plus démentiels

52 2
- x 3845 Les ’boîtes’ de Duchamp visent à la reproductibilité. Mais 
ce n’est pas la reproductibilité mécanique pensée par Benjamin. Il 
s’agit d’une reproductibilité de luxe. 
- y 3899  Le Grand Verre est avant tout un language-game. 
          - y 1 enfin presque. Mes remarques dépassent parfois 
          une pensée pas trop nette. 
- z 3900  Sur la tombe de Duchamp: ’D’ailleurs, c’est toujours les 
autres qui meurent’. Le mot important est ’d’ailleurs’. 
          - z 1 il a le même statut que le fameux ‘même’ 
- aa 3901 Aux néo-duchamps on dira: du champ! du champ! 
- ab 3902 (rem. 3822; ici ’j’) Ajoutons: ...n’est pas un peintre. 

52 3 
- ac 3942 Duchamp travaille dans les arts du langage. 
          - ac 1 là c’est trop faible: il travaille avant tout les 
          arts du langage 

52 4 
- ad 3943 Mr T. (le biographe de Duchamp) ne sait pas que Duchamp 
fait partie de l’Oulipo. Il ne peut pas comprendre Duchamp. 

52 5 
- ae 4081 - Duchamp: le titre est le nom propre de l’oeuvre d’art. 
see remarque sur Laforgue. 
          - ae 1 il dit quelque part que ce sont surtout les titres 
          de laforgue qui lui plaisaient. 
- af 4082 - Duchamp: la part non caduque de son oeuvre, je veux dire 
qui n’est pas prise encore dans l’histoire de l’art, est 
l’anticipation de l’Oulipo. 
          - af 1 et de quelque chose qui généralise l’oulipo: 
          l’Oumpoumpo 
          - af 2 ceci dit les oeuvres elles-mêmes ne sont pas 
          ’caduques’ du fait d’avoir été absorbées par le mouvement 
          de l’art. je retire ‘caduque’. 

52 6 
- ag D. est un PL(agiaire)(par)ANT(icipation) de l’Oulipo. 
(j’appelle ça un PLANT) 
- ah 4083 - Ready-made: genre poétique.  

53 - § 1033 -  Tous les mots sont des ready-made. 

53 1 
- ai 4084 - Tous les mots sont des ready-made. Queneau souligne le 
fait dans Le Chiendent. 
          - ai 1 Dictionnaire et Catalogue de Manufrance: même 
          combat
- aj 4085 - Langage cuit dans le faitou des poèmes. 

53 2 
- ak 4086 - Duchamp croyait dur comme fer à l’idée la plus convenue 
de l’art et de la littérature. Croire que ce qu’il fait est de 
l’anti-art ou de l’anti-littérature est un contre-sens. Il 
continue l’art et la littérature par d’autres, nouveaux moyens. 
          - ak 1 FLL et Queneau n’ont pas fait cette erreur. Il est 
          vrai qu’ils étaient avertis par la catastrophe 
          surréaliste.

53 3 
- aL 4091 - Le tout-fait dans le fait-tout (ou faitout; mot daté 
1900 par le p.robert de 1970) 
          - aL 1 langage cuit à l’est-tout-fait.
- am 4093 - Duchamp (DuDuchamp) met la littérature (plus exactement 
la littérature sous contrainte), au-dessus de l’art. Il soumet l’art 
à la littérature.
          - am 1 voir plus haut 
- an 4094 – MD: préfiguration de FLL. 
- ap 4095 - MD: un peu dandy, un peu farce (dandy-Dandin) 
- aq 4096 - Dans la situation de tradition, un mètre, une forme 
poétique sont des ready-made de poésie. 
          - aq 1 mais qu’est-ce qu’un ready-made pris d’un objet 
          manufacturé désuet? Ou pire, entièrement disparu? Tel est 
          le statut d’un mètre abandonné. 

53 4 
- ar 4098 - (note de 1913 in Boîte Blanche: “peut-on faire des 
oeuvres qui ne soient pas d’art?”) encore l’idée ’bateau’ de l’art. 
          - ar 1 jeu sur l’ambiguïté oeuvre-art. On peut dériver 
          vers: tout est art. ou bien: rien n’est art 
- as 4099 - readymade: ’raie des vierges’, i-e l’objet qui n’est pas 
encore une oeuvre. 
          - as 1 voilà que je me laisse aller à du jeu de mots, 
          pratique que je serais tenté de ne pas recommander quand 
          il est question de Duchamp. 
                    - as 1 1  pareillement, éviter des constructions 
                    du type ’x est x est x est x ’, à propos de 
                    Gertrude Stein 
                              - as 1 1 1 surtout quand on oublie que 
                              la formule steinienne est: ’A rose is 
                              a rose is a rose is a rose’, avec trois 
                              roses à droite du prédicat. 

53 5 
- as 4100 - André Gervais, classant les readymades, distingue 
’titrés’ et ’sans titre’. Mais ils sont toujours titrés, par leur 
nom générique. S’il y a un titre spécifique explicite, readymade est 
alors le sous-titre. Le titre peut être indirect (cas du 
porte-bouteilles ou hérisson). C’est aussi ce qui se passe avec le 
sonnet; avec toute forme poétique. 

53 6 
- at 4101 - Définition du readymade par MD - mai 1960: 
“Un ready-made: d’abord, c’est le mot que j’ai pris pour désigner 
une oeuvre d’art qui n’en est pas une, autrement dit qui n’est pas 
une oeuvre faite à la main, fait par la main de l’artiste. C’est une 
oeuvre d’art qui devient oeuvre d’art par le fait que je la déclare 
ou que l’artiste la déclare oeuvre d’art sans qu’il y ait aucune 
participation de la main de l’artiste en question pour la faire.” 
– This is not true. La main de l’artiste est dans le titre, dans la 
signature; elle est partout. Le reste, l’objet, a le même statut que 
la couleur dans la peinture de chevalet. 
- au 4102 Déf du readymade d’oct 63: “... not the act of an artist, 
but of a non-artist, an artisan if you want”. Certainement pas ‘a 
non-artist’. ‘Artisan’, of course, see Oulipo. 
          - au 1 -  qui lui-même renvoie aux Rhétoriqueurs, qui se 
          disent ’facteurs’, fabriquants; et aux Troubadours. 
          Ouvroir, ouvrage d’art. 

54 - § 1034 -  Les torche-culs de Gargantua sont-ils des readymades? 

54 1 
- av 4103 - Les torche-culs de Gargantua sont-ils des readymades?
- aw 4104 - (4101=at) D’ailleurs le titre est décrit par Duchamp 
comme une ’couleur invisible’.

54 2 
- ax 4105 - Une photographie est un readymade d’un morceau de monde: 
la main de l’artiste est décisivement impliquée dans le choix du 
morceau. 
          - ax 1 La manufacture l’est dans la découpe arbitraire 
          du négatif 
- ay 4106 - La démarche duchampienne est une réaction tardive de 
l’art à l’invention de la photographie. 
          - ay 1 il y a eu, il y a l’imitation de 
          l’art par la photographie, l’imitation de la photographie 
          par l’art; l’imitation par la photographie de l’art 
          imitant la nature; l’imitation de la photographie par la 
          nature, et tant d’autres manières. La stratégie 
          duchampienne consiste à prendre la photographie comme 
          créant des ready-mades du monde. 
- az 4107 - Le moment de la prise d’objet qui va faire un readymade 
est une illumination. Devenu oeuvre d’art littéraire, il 
s’accompagne d’une ombre portée par cette illumination. Cette ombre 
l’accompagne au cours de sa vie d’oeuvre. Des photographies peuvent 
la saisir en un de ses états. (see note de la Boîte verte) 
          - az 1 i can’t remember which. But it’s there. 
- ba 4110 - Quand, du premier readymade reconnu tel après coup, la 
roue de bicyclette sur tabouret, Duchamp dit, longtemps après, “je 
ne voulais pas en faire une oeuvre’ ou encore’ ”je ne l’appelais pas 
une ’oeuvre d’art’ ’, il montre seulement qu’il conserve peut-être 
toujours l’idée reçue de l’art. 
          - ba 1 et de toutes façons, si telle était bien au fond 
          son intention, il n’a pas réussi. 
- ba 2 et il est parfaitement normal de considérer un ready-made 
comme une oeuvre d’art. 
- bb 4111 - La ressemblance familiale des readymades duchampiens: 
ce sont des artefacts matériels 
          - bb 1 Duchamp, interview de 1965 in Fin n°6 
          juin 2000: “tous ces ready-made, en somme, sont assez 
              différents l’un de l’autre ... tellement différents qu’il 
              n’y a pas, si vous voulez ... un air de famille entre 
              eux ..”. Well! Je dirais, au contraire qu’il y a un air 
          de famille extrêmement accusé: c’est la famille 
          ‘ready-made’. Il y a plus de ressemblance entre eux 
          qu’entre deux tableaux de plate peinture, même du même 
          peintre, même du même ‘sujet’ par le même peintre 
- bc 4112 - (généralisation d’une remarque de H.P.Roché). Les 
readymades sont des objets de méditation. 
          - bc 1 -  différence entre le mot dans un dictionnaire et 
          le même mot dans un poème

54 3 
- bd 4112bis Extension du domaine de l’Oulipo: les readymades, par 
exemple. Comment? En considérant que les readymades sont de la 
langue laputienne. 
          - bd 1 Swift est un PLANT (Plagiaire par Anticipation) 
          de Duchamp 
                    - bd 1 1  j’ai choisi l’abréviation PLANT pour 
                    indiquer que les plagiats par anticipation sont 
                    mis où ils sont, en attendant d’être reconnus pour 
                    ce qu’ils sont: des oeuvres oulipiennes. 

54 4 
- be 4122 Quand Duchamp travaille pour le surréalisme, dans les 
années trente à cinquante, il n’est pas à sa propre hauteur. 
Pourquoi? Parce qu’il prend des oeuvres, comme les ready-mades, qui 
n’ont rien à voir avec le surréalisme et en fait de l’art 
surréaliste. Le geste qui transformait l’objet non artistique en art 
devient un geste qui banalise le geste qui inventait le ready-made. 
          - be 1 ce que les surréalistes peuvent accueillir dans le 
          ready-made, c’est le geste avant-gardiste de destruction, 
          donc l’aspect aujourd’hui le plus dépassé de la démarche 
          - be 2 je suis peut-être excessivement sévère. On peut 
          aussi considérer que Duchamp fait avec ce qu’il a, c’est à 
          dire le soutien des surréalistes, même s’ils ne saisissent 
          pas vraiment le sens profond de sa démarche.
          
54 5 
- bf 4123 Un poème composé par moi, inspiré de Duchamp: 

                              Poem beginning *
                    	 
          - bf 1 dans l’OULIPO-Compendium, belle présentation-
          anthologique de l’Oulipo, en anglais, sous la direction de 
          Harry Mathews (de l’oulipo) est reproduit un poème en 
          prose oulipien de Duchamp, The, ’written directly in 
          English’, ’et accompagné de l’instruction suivante “:” 
          replace each* with the word: the 
          - bf 2 voici le début du poème: 
          - bf 3 
                              “The 

          If you come into * linen, your time is thirsty because * 
          ink saw some wood intelligent enough to get giddiness from 
          a sister. 
          
          - bf 4 le texte de mon poème, dont seul le titre figure en 
          - bf 4123 - est le résultat de la substitution d’un * à 
          chaque occurrence des lettres consécutives t-h-e dans un 
          poème de Zukofsky. Je vous offre les vers 1 à 7 
          - bf 5 

          1 	* 
          2 	Voice of Jesus I. Rush singing 
          3                     	in * wilderness 
          4 	A boy’s best friend is his mo*r, 
          5 	It’s your mo*r all * time. 
          6 	Residue of Oedipus-faced wrecks 
          7 	Creating out of * dead 
          ..............................................

- bg 4124 L’effet de recul, d’imperfection (4122) est accentué par 
l’incompréhension véritablement bovine de Breton. Pour lui, Duchamp 
ne fonctionne que comme réclame (pub). 
          - bg 1 Jean Suquet me fait remarquer, (le 18/11/2000) 
          à juste titre, que je faisais là de l’anti-bretonisme 
          grossier, primaire et sommaire. Dont acte. 
- bh - 4125 ready-once-made 
          - bh 1 tant d’années après, les ready-made sont comme 
          les peignes de Cléopâtre: si loin, si étranges
- bi 4126 rm (ready-made)=photo en dimension 3 
- bj 4127 Le ’millimètre final’, où est l’art: la signature. 
- bk 4128 qui dit duchamp dit ready-made; réciproquement qui dit 
ready-made dit duchamp. Y a-t-il d’autres rm s que de duchamp? 
          - bk 1 projet: faire de tous les objets du monde des r.m: 
          les titrer, les signer. 
- bL 4129 En droit, tout rm est de duchamp. 
          - bL 1 comme on peut dire: tout sonnet est un sonnet de 
          Pétrarque 
- bm 4130 Duchamp s’est approprié le monde manufacturé, en tant que 
composé d’oeuvres d’art. 

54 6 
- bn 4131 La polémique à propos de l’autorisation massive de 
répliques de rm s par duchamp est comique. Mais sa réponse, ou son 
refus de réponse, comique aussi. En fait, il n’a pas su ou pas voulu 
répondre sérieusement. Duchamp devait répliquer ses rm s. Sinon, ils 
cessaient (avec le temps (4125)) de conserver leur propriété 
distinctive, qui est contradictoire. 
- bo 4132 Soit petit-a un objet du monde manufacturé. Soit 
rm(petit-a) son ready-made, c’est-dire ’petit-a + authentificateur’. 
Rm(petit-a) est une oeuvre d’art. Mais, selon Duchamp c’est, aussi, 
une non-oeuvre d’art. Il a raison. Mais Si non art, on peut la 
ready-madiser. On réplique. Et c’est alors la réplique, 
rm(rm(petit-a)) qui devient oeuvre. L’opérateur rm peut être 
appliqué plusieurs fois. Le rm doit être répliqué. Sinon, il n’est 
plus qu’une oeuvre d’art. 
- bp 4133 Avant d’être réplique, un rm doit être dupliqué: 
c’est sa propriété de non-oeuvre d’art qui le veut. Une duplique 
authentifiée devient une réplique. 
- bq 4134 La réplique, qui provient du traitement ready-made 
lui-même comme objet manufacturé par l’intermédiaire des dupliques 
(qui devraient être nombreuses), n’est pas le contrafactum, qui est 
une nouvelle version du ready-made. 
- br 4135 Le rm témoigne d’une haine de la photographie. 
- bs 4136 Nul ready-made n’est plat. 
          - bs 1 que je sache 
- bt 4137 Je parcours la liste des ready-mades. Je n’y vois ni 
tapuscrit, ni imprimé. 
- bu 4141 j’apelle (sic, pas une faute d’orthographe) ça ready-made. 
- bv 4142 Pourtant rien de plus ’manuel’ que la signature. C’est là 
tout le contraire de ’se couper les mains’. C’est le minimum absolu 
de ce qu’on peut garder, et en cela Duchamp pouve qu’il ne peut pas 
’oter ses mains’. 
- bw 4143 Dans l’inframince passe la langue. 
- bx 4146 Gilbert Lascault: “qui parle de Duchamp ne doit jamais 
rejeter un jeu de mots possible’. Hum. Bien au contraire “... ne 
devrait accueillir un jeu de mots qu’avec d’extrêmes précautions”. 
- by 4147 Thierry de Duve, définition du ready-made: ’c’est une 
oeuvre d’art réduite à l’énoncé” ’ceci est de l’art’ ’. Non. C’est 
une oeuvre d’art de poésie. 
          - by 1 pas de littérature: de poésie 	
          - by 2 la poésie doit avoir pour source la vérité pratique